» Jamais le fils d’Adam n’a rempli de récipient pire que son ventre. Il suffisait pourtant au fils d’Adam quelques bouchées pour subvenir à ses besoins… »

Au nom d’Allah Le Tout-Miséricordieux, Le Très-Miséricordieux,

J’atteste que nul n’est en droit d’être adoré sinon Allah, et j’atteste que Muhammad est le messager d’Allah.

Comme nul parmi nous ne l’ignore, notre corps est une « âmana », un dépôt. Dieu Tout-Puissant nous en a fait don et il est de notre devoir d’en prendre grandement soin.

Si diverses maladies et handicaps, qu’Allah nous en préserve, peuvent nous être destinés, il va s’en dire qu’une hygiène de vie optimale nous permet d’éviter de nombreux désagréments.

 

 

hygiène-de-vie-musulman

 

Un proverbe connu en occident dit qu’« il vaut mieux prévenir que guérir ». Hippocrate, le « père de la médecine », disait il y a plusieurs siècles déjà : « Que ton alimentation soit ta première médecine ! »

Or, nous savons aujourd’hui qu’une alimentation saine et équilibrée est la base même d’une bonne santé et permet d’éviter bon nombre de désagréments, ce qui est plutôt paradoxal compte tenu du nombre affolant de personnes souffrant d’obésité, de diabète et de maladie cardiovasculaire, y compris dans notre communauté…

C’est d’autant plus triste pour le musulman que l’islam, cette religion parfaite, nous enseigne, à travers la parole de Dieu, exalté soit-Il, et l’exemple de Son messager, sur lui la prière et la paix, quel comportement adopter face à la nourriture.

 

Notre religion nous enseignant la modération en toute chose, le musulman a bien entendu le droit de prendre du plaisir à table mais manger doit rester une action répondant à un besoin physiologique : nous mangeons pour vivre et non l’inverse !

Notre Seigneur nous a révélé dans Son noble livre, à la sourate 2, La Vache (verset 168) : { Ô gens ! De ce qui existe sur la terre, mangez le licite et le pur; ne suivez point les pas du Diable car il est vraiment pour vous, un ennemi déclaré. }  et : { Ô les croyants ! Mangez des (nourritures) licites que Nous vous avons attribuées. Et remerciez Allah, si c’est Lui que vous adorez. } (verset 172)

Ainsi, nous comprenons que des règles encadrent l’alimentation du musulman s’il veut plaire à Dieu. :  { Certes, Il vous est interdit la chair d’une bête morte, le sang, la viande de porc et ce sur quoi on a invoqué un autre qu’Allah. Il n’y a pas de péché sur celui qui est contraint sans toutefois abuser ni transgresser, car Allah est Pardonneur et Miséricordieux. } (sourate 2, verset 173)

L’alimentation en islam connaît donc des interdits et des obligations, mais ne sont-ils pas source d’une grande sagesse ? En effet, si la viande nous est licite, à l’exception de quelques bêtes, le sacrifice prend tout son sens ; on ôte la vie pour se nourrir, non par plaisir. Il est alors évident de s’en remettre à Celui Qui a tout créé, nous a octroyé notre subsistance et nous a donné le dessus sur les animaux : { Nous vous avons désigné les chameaux (et les vaches) bien portants pour certains rites établis par Allah. Il y a en eux pour vous un bien. Prononcez donc sur eux le nom d’Allah, quand ils ont eu la patte attachée (prêts à être immolés). Puis, lorsqu’ils gisent sur le flanc, mangez-en et nourrissez-en le besogneux discret et le mendiant. Ainsi, Nous vous les avons assujettis afin que vous soyez reconnaissants. Ni leur chair ni leur sang n’atteindront Allah, mais ce qui L’atteint de votre part, c’est la piété. Ainsi vous les a-t-Il assujettis afin que vous proclamiez la grandeur d’Allah, pour vous avoir mis sur le droit chemin. Et annonce la bonne nouvelle aux bienfaisants. } (sourate 22, versets 36-37) ;  { Et les bestiaux, Il les a créés pour vous; vous en retirez des [vêtements] chauds ainsi que d’autres profits. Et vous en mangez aussi.} (sourate 16, verset 5)

Une fois que le croyant a donc, par la grâce de son Seigneur, la possibilité de se nourrir de ce qui est licite, il convient qu’il prenne soin de consommer ce qui lui est profitable. C’est là qu’intervient la pondération. Combien de tables sont régulièrement garnies au point qu’on ne puisse terminer ce qui y trône ? « Plus de 41 200 kilos de nourriture sont jetés chaque seconde dans le monde. Cela représente un gaspillage alimentaire de 1,3 milliard de tonnes d’aliments par an, soit 1/3 de laproduction globale de denrées alimentaires dédiée à la consommation. Le gaspillage alimentaire concerne les pays riches comme pauvres et représenterait une valeur gaspillée de 990 milliards de dollars. »1 Et personne n’est à l’abri de ces fâcheuses habitudes, ni même notre communauté. Pourtant, lorsqu’on s’est donné pour mission d’adorer Dieu et de suivre les pas de Son prophète, ces chiffres font froid dans le dos ! C’est non seulement injuste vis-à-vis de ceux qui n’ont pas les moyens que nous possédons, mais c’est également terrible pour la planète dont nous sommes les gardiens et qui est elle aussi un dépôt du Très-Haut. Que dit-Il, gloire à Lui, à ce propos : { Mangez et buvez mais ne gaspillez point ! Car Allah n’aime pas les gaspilleurs. } (sourate 7, verset 31)

Si on en revient à la sunna du meilleur des hommes, paix et prière sur lui, on apprend à se satisfaire de peu. En effet, un hadith rapporté par at Tirmidhi nous enseigne que : « Jamais le fils d’Adam n’a rempli de récipient pire que son ventre. Il suffisait pourtant au fils d’Adam quelques bouchées pour subvenir à ses besoins. Et même s’il lui en fallait absolument davantage, qu’il réserve donc le tiers de son estomac à son manger, l’autre tiers à son boire et le dernier tiers à sa respiration. »

La sobriété et le contentement sont parmi les caractéristiques de la communauté de Muhammad, que la paix et la prière soient sur lui : « Celui d’entre vous qui se réveille le matin en sécurité parmi les siens ne souffrant d’aucun mal dans son corps et possédant la nourriture de sa journée, c’est comme si l’on avait amassé pour lui tous les biens de ce monde.» (rapporté par at Tirmdhi)

Il nous fut également rapporté par ceux qui nous ont précédé dans la foi que les plus rassasiés ici-bas seront les plus affamés dans l’au-delà ; n’oublions pas que la famille et les compagnons du prophète, que Dieu soit satisfait d’eux, mangèrent rarement à leur faim. Si notre but est de leur ressembler, dans leur dévotion et leur sincérité, il est temps de consacrer plus de temps à nourrir notre foi plutôt que notre estomac, et d’éduquer nos enfants sur cette voie.

Le jeûne est également une pratique essentielle et distinctive de la communauté musulmane. Outre le mois de ramadan et tous les bienfaits qu’il comporte, la pratique du jeûne s’inscrit dans une dynamique spirituelle profonde et est également un outil thérapeutique, utilisé dans la médecine prophétique et reconnu aujourd’hui par la science moderne.

L’excès de nourriture est un grand mal, souvent symptomatique d’un mal plus profond. Il convient au musulman de le combattre, comme tout excès, car il nuit non seulement à son corps mais également à sa foi et à sa pratique religieuse. Le mois de ramadan approche et si Dieu le veut nous aurons le loisir, comme chaque année, de partager d’excellentes recettes. Ceci n’est pas un mal, mais gare aux excès et au gaspillage ! Les gaspilleurs sont les frères des diables… (relire la sourate 17)

« Bienheureux celui qui a été guidé à l’Islam, dont la subsistance se limite à ses besoins et qui se contente de ce que Dieu lui a donné. » (rapporté par at Tirmidhi)

Quant à ceux parmi nous qui connaissent de réelles difficultés pour subvenir à leur besoin, qu’ils se réjouissent en vérité : « Si vous saviez ce que Dieu le Très-Haut vous réserve auprès de Lui, vous souhaiteriez encore plus de pauvreté et d’indigence. » (rapporté par at Tirmidhi)

 

Pour finir, chaque croyant bénéficiant d’une bonne santé devrait louer abondamment son Seigneur pour ce bienfait et redoubler d’efforts pour l’entretenir ; en effet, le Messager, prière et paix sur lui, disait : « Demandez à Dieu de vous préserver dans votre santé, car l’être humain ne peut certes jouir de meilleur bienfait. » (rapporté par Ibn Maja)

 

J’implore Le Maître des cieux et de la terre de nous réformer, individuellement et collectivement ; de nous rendre satisfait de Lui et de ce qu’Il nous a accordé comme bienfaits et subsistance. Je L’implore de nous conter parmi ceux qui Le louent abondamment et Le remercient. Puissions-nous vivre jusqu’au mois de Ramadan et puisse ce mois nous permettre d’ouvrir notre cœur et nos yeux sur les réalités qui sont les nôtres.

Amin.

 

Fraternellement, votre sœur fiLlah (qui se rappelle à elle-même d’abord !)