Il existe des prières surérogatoires qui répondent à un évènement particulier. Parmi elles se trouve un joyau : la prière de consultation (salât istikhara)

 

Au nom de Dieu, Le Tout-Miséricordieux, Le Très-Miséricordieux,

J’atteste que nul ne mérite l’adoration que Dieu, Seul et sans associé, et j’atteste que Muhammad est Son serviteur et messager.

 

Dieu Tout-Puissant, dans son infinie miséricorde, est proche de celui Qui l’invoque, proche de Ses serviteurs sincères. Et le croyant ne sera jamais aussi près de son Seigneur que lorsque son front est au sol et qu’il s’en remet à Lui, le cœur dévoué, l’esprit convaincu et l’âme apaisée.

Si la prière est un trésor, un jardin qu’il nous faut entretenir et cultiver, il existe des prières surérogatoires qui répondent parfois à un évènement particulier. Parmi elles, se trouve un joyau, une fleur des plus belles, la prière de consultation : « as salât istikahara ».

 

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Al « istikhara » est un nom dont la racine est commune au mot « khayr » (le bien) et qui signifie la recherche du bien en toute chose. L’érudit Ibn Hajar, dans son commentaire du hadith mentionnant la prière de consultation, dit que « al istikhara » est la demande à Dieu d’être orienté vers ce qu’il y a de meilleur parmi deux choses. En effet, la prière de consultation permet au musulman de consulter Le Très-Haut lorsqu’il a une décision à prendre, un choix à faire ou lorsqu’il désire entreprendre quelque chose. Voici le hadith qui nous est rapporté du Messager, sur lui la prière et la paix :

 

« Quand l’un de vous projette une affaire, qu’il accomplisse deux rak’a surérogatoires puis qu’il dise :

« Seigneur ! Je viens prendre conseil auprès de Ta science et puiser la force de Ta force. Je viens Te demander de Ta générosité infinie. Car Tu es certes Omnipotent et je ne peux rien, Omniscient et j’ignore tout et c’est Toi le Grand Connaisseur de l’inconnu. Seigneur, si Tu sais que cette affaire (que l’on explicite) est pour moi une source de bien pour ma religion, pour ma vie présente et pour ma destinée future (ou il a dit : pour mon présent et pour mon futur), alors destine-la moi, facilite-moi sa réalisation et accorde lui Ta bénédiction. Et si tu sais que cette affaire (que l’on explicite) est pour moi une source de mal pour ma religion, pour ma vie présente et pour ma destinée future (ou il a dit : pour mon présent et pour mon futur), alors détourne-la de moi et détourne-moi d’elle. Prédestine-moi le bien où qu’il se trouve et rends m’en ensuite satisfait. » »

(rapporté par Boukhari 6841. D’autres versions sont citées par at-Tarmidhi, an-Nassaï, Abou Dawoud, Ibn Madja et Ahmad)

 

اللّهُـمَّ إِنِّـي أَسْتَخيـرُكَ بِعِاْـمِك، وَأسْتَقْـدِرُكَ بِقُـدْرَتِـك، وَأَسْـألُـكَ مِنْ فَضْـلِكَ العَظـيم، فَإِنَّـكَ تَقْـدِرُ وَلا أَقْـدِر، وَتَـعْلَـمُ وَلا أَعْلَـم، وَأَنْـتَ عَلاّمُ الغُـيوب، اللّهُـمَّ إِنْ كُنْـتَ تَعْـلَمُ أَنَّ هـذا الأمْـرَ- وَيُسَـمِّي

حاجَتَـه – خَـيْرٌ لي في دينـي وَمَعـاشي وَعاقِـبَةِ أَمْـري، فَاقْـدُرْهُ لي وَيَسِّـرْهُ لي ثـمَّ بارِكْ لي فيـه، وَإِنْ كُنْـتَ تَعْـلَمُ أَنَّ هـذا الأمْـرَ شَـرٌ لي في دينـي وَمَعـاشي وَعاقِـبَةِ

أَمْـري، فَاصْرِفْـهُ عني وَاصْرِفْني عَنْـهُ وَاقْـدُرْ لي الخَـيْرَ حَيْـثُ كانَ ثُـمَّ أَرْضِـني بِـه

 

*Allâhumma innî astakhîruka bi-‘ilmika wa astaqdiruka bi-qudratika, wa as-aluka min fadlika-l-‘azîmi. Fa-innaka taqdiru wa lâ aqdiru, wa ta’lamu wa lâ a’lamu, wa anta ‘allâmu-l-ghuyûbi. Allâhumma in kunta ta’lamu anna hâdhâ-l-amra (que l’on explicite) khayrun lî fî dînî wa ma’âshî, wa ‘âqibati amrî (ou : ‘âjilihi wa âjilihi) fa-qdurhu lî, wa yassirhu lî, thumma bârik lî fîhi. Wa in kunta ta’lamu anna hâdhâ-l-amra (que l’on explicite) sharrun lî fî dînî wa ma’âshî,, wa ‘âqibati amrî (ou : ‘âjilihi wa âjilihi) fa-srifhu ‘annî, wa srifnî ‘anhu, wa qdur lî-l-khayra haythu kâna thumma arddinî bihi.

 

Il faut savoir qu’il est de la pratique du Messager, sur lui la prière et la paix, et de ses compagnons de consulter L’Unique en toutes circonstances et pour chaque affaire. Il va sans dire qu’on ne demande pas à Dieu l’orientation concernant une action unanimement reconnue comme interdite ou obligatoire. Il s’agit de Le consulter, gloire à Lui, avant toute entreprise ou lors de chaque décision à prendre à propos d’une affaire licite dont on ignore si elle est un bien pour nous en cet instant, ou encore lorsqu’une proposition nous est faite ou qu’une opportunité se présente et que nous sommes hésitants.

La prière de consultation consiste en deux unités de prière classiques, au terme desquelles l’invocation est récitée les mains levées. Certains gens de science estiment que l’invocation peut être faite juste avant le taslim (les salutations clôturant la prière).

Elle peut être effectuée à n’importe quel moment et selon l’avis le plus répandu peut-être répétée autant de fois que nécessaire tant que le croyant n’est pas sûr de son choix.

Il est primordial pour celui qui espère en Son Seigneur de Le consulter lorsque le cœur est débarrassé de toute passion et l’esprit clair. Ainsi, le croyant s’en remet totalement à Celui dont la science transcende toute chose. Il sait ce qui est bon lorsque nous l’ignorons et c’est la raison pour laquelle il est important de rechercher auprès de Lui la guidée en toute quiétude et avec pleine conviction.

 

Beaucoup parmi nous n’estiment la prière de consultation utile qu’en cas de projets maritaux. Or, c’est largement sous-estimer son importance et surtout se priver d’une proximité profonde et intense avec son Créateur. Comme tous les outils que Dieu nous a accordés, il ne faut pas hésiter à en user et en abuser. Un achat, une formation, un voyage, un entrepreneuriat, peu importe la teneur de l’entreprise ou de l’hésitation. Dieu sait où se trouve notre bien et comment y parvenir. { (…) Il se peut que vous ayez de l’aversion pour une chose alors qu’elle vous est un bien. Et il se peut que vous aimiez une chose alors qu’elle vous est mauvaise. C’est Allah qui sait, alors que vous ne savez pas. } (sourate 2, verset 216)

Ce qui est absolument magnifique lors de la consultation, c’est que quel que soit le terme qui est accordé au croyant il en sera satisfait car, par la force de l’invocation et la grâce de son Créateur, il a gagné l’apaisement et nuls regrets ne peuvent l’atteindre. Celui qui aspire à la satisfaction du Tout-Puissant lui accorde sa confiance intégrale ; il ne peut donc qu’être heureux quelle que soit l’issue de son affaire car il est rassuré, assuré que le Tout-Miséricordieux dans son infinie bienveillance lui a accordé Ses bénédictions, l’a mené vers ce qui est le meilleur concernant sa vie présente et la future, et l’a très certainement éloigné d’un mal, ou encore lui réserve quelque chose de meilleur.

 

Contrairement à ce qui est une croyance répandue, la « réponse » à la prière de consultation ne nous vient pas en rêve. Si rien ne nous indique que c’est impossible, rien n’a jamais été rapporté à ce propos. Il convient de s’attendre à ce que son cœur aspire à une option plutôt qu’une autre et trouve l’apaisement dans telle ou telle autre orientation. Il se peut également que l’auteur de l’invocation se retrouve tout simplement empêché d’entreprendre ce qu’il envisageait ou au contraire s’y retrouve forcé. Quoiqu’il en soit, la volonté et la force n’appartiennent qu’au Tout-Puissant !

Que se rassurent mes sœurs, Dieu est véritablement Miséricordieux et connaît le contenu de nos poitrines ainsi que nos intentions : Lorsque la prière nous est proscrite, si nous avons une décision à prendre l’invocation peut être simplement utilisée.[1]

 

Enfin, si un projet germe dans nos têtes sans être troublé par aucune hésitation, la prière de consultation mérite tout de même d’être effectuée. Ainsi, peut s’espérer la bénédiction divine et surtout aucun regrets, aucune tristesse ne pourront nous gagner s’il ne devait pas aboutir. BismiLlah !

 

Plaçons notre confiance en Celui Qui ne nous déçoit jamais, vivons et n’oeuvrons que pour Le satisfaire. Qu’Il, exalté soit-Il, nous couvre de sa miséricorde, nous guide et nous rende satisfaits de ce qui nous est destiné et nous donne la force de nous dépasser dans le meilleur.

 

Affectueusement, votre sœur.


[1] C’est du moins l’avis rapporté par les écoles hanafîtes, malîkîtes et chafi’îtes.