Contes algériens, une série de contes populaires imaginaires pour vous donner à méditer sur certains de nos défauts ou nous encourager  au bon comportement. Il existe des messages que seules les images et histoires d’antan expliquent à merveille. En voici une autre, contrairement à la célèbre poésie,  pour nous prouver que la force n’est pas la meilleure arme dans la vie.

Le loup et l’agneau

Un agneau dans les montagnes berbères mourrait de soif en une après-midi. Il allait et venait, assoiffé, jusqu’à trouver un puits. Seul, sans personne pour le conseiller, il s’approcha et plongea son regard dans l’eau. Entre errer en pleine nature, la gorge sèche, ou descendre puiser sa boisson,  il lui fallait prendre une décision.

Au bout d’une corde devant lui se trouvait un seau. Il le prit à pleines mains… et s’installa dedans.

Se penchant en avant pour voir s’il pouvait bien descendre se désaltérer, il se retrouva au fond du puits projeté. Boire était chose facile maintenant. La question qu’il se posa après était comment se sortir de là vivant.

Un sot puis deux

Vint maître loup se promener dans les parages. Il entendit des voix près du puits et s’en approcha. A sa grande surprise, il reconnut l’agneau au fond de la cavité. L’eau à la bouche, à l’idée du bon repas qui se présentait à lui, il se mit à se moquer de la pauvre bête, au fond du puits tombée.

― Que fais-tu dans ce trou, mon petit ? As-tu trouvée ta tombe toute creusée ?

L’agneau ne voulut pas perdre la face. Il garda, pour la première fois, son calme et lui répondit :

― Pas du tout. Je ne suis pas seul ici.

Le loup crut d’abord que l’agneau n’avait plus toute sa tête. Sans doute devait-il avoir si peur devant ses crocs acérés qu’il perdit sa lucidité. Comment un grand nombre d’agneaux pouvaient-ils être tombés au même endroit et au même moment ?

― De moi tu t’amuses assurément ! Si tu dis vrai, combien êtes-vous là-dedans ? voulut en savoir plus le loup.

― Tu n’as qu’à descendre voir par toi-même. Pour toi, ici, la vie serait belle. Tu te croirais au marché aux moutons.

Quand la ruse surprend la cruauté

L’agneau se moqua à son tour du loup : pourquoi n’avait-il pas eu l’idée, s’il était aussi intelligent que tout le monde voulait bien le dire, de prendre le second seau et ainsi descendre le retrouver ?

A cette marque de mépris, le loup voulut riposter. Un agneau plus intelligent que lui, cela ne pouvait exister. Il prit le seau au bout de la corde et se laissa glisser.

Quelle ne fut pas sa surprise de remarquer que l’agneau remontait au fur et à mesure qu’il descendait. Malgré son agitation, il ne put l’attraper et encore moins le manger. Seul un échange de paroles mit fin à ses aspirations :

― Tu t’es joué de moi…pourquoi remontes-tu ? vociféra le loup obligé de rester sur sa faim.

― C’est la règle au marché aux moutons,  3Ami le loup, répliqua le petit agneau.  Un jour tu achètes plusieurs têtes, un autre tu ne gagnes rien.

Voilà comment l’agneau s’en sortit ce jour-là. Fier de lui et de son esprit de débrouillardise mais il jura ne plus s’éloigner de ses amis surtout en un lieu qu’il ne connaissait pas.

La ruse peut s’avérer bonne conseillère face au danger. Contrairement à ce que l’on croit, la force dans bien des situations ne sert à rien. En tous cas, dans les montagnes, les tours et la malice en ont sauvé plus d’un.

Si vous aussi, vous connaissez d’autres versions populaires du loup et de l’agneau, venez nous en parler. Les contes d’animaux sont aussi beaux que bénéfiques. Ils nous enseignent bien des sagesses  à transmettre aux petits comme aux grands.