Le bon soupçon, où comment s’éloigner des doutes, de la méfiance et des mises en garde injustifiés

Au nom d’Allah, Le Tout-Miséricordieux, Le Très-Miséricordieux,

Il n’y a de divinité méritant l’adoration qu’Allah Seul et sans associé et Muhammad est le Messager d’Allah.

Il incombe à tout musulman qui craint son Seigneur, qu’Il soit exalté, et suit la voie tracée par Son prophète, sur lui la prière et la paix, de n’avoir toujours que le bon soupçon à l’égard de son frère en islam. En effet, { Les croyants ne sont que des frères. Etablissez la concorde entre vos frères, et craignez Allah, afin qu’on vous fasse miséricorde. } (sourate 49, verset 10)

le bon soupçon en islam

 

S’efforcer d’adopter une attitude positive, de ne voir que les bons côtés de chacun et surtout d’excuser et de cacher les fautes et les défauts de son compagnon dans la foi fait partie du bon comportement qu’il convient au musulman d’adopter. Un hadith en fait très justement mention : « Le musulman est le frère du musulman, il n’est pas injuste envers lui et il ne l’abandonne lorsqu’il a besoin de lui ; et quiconque aide son frère, Allah l’aide ; et quiconque dissipe le tourment d’un musulman, Allah lui dissipera un tourment parmi les tourments du jour du jugement ; et quiconque cache les défauts d’un musulman, Allah cachera ses défauts le jour du jugement. » (rapporté par Bukhari et Muslim)Une parole attribuée à l’un de nos pieux prédécesseurs résume sublimement ce qu’il plaît d’adopter comme attitude, en guise de suspicion, vis-à-vis de ses coreligionnaires : « Si je voyais le vin couler de la barbe d’un de mes frères, je dirais qu’on lui a peut-être versé dessus. Si je le trouvais sur une montagne en train de dire : « Je suis votre Seigneur le Très-haut ! », je dirais : « Peut-être qu’il lit le verset. ».[1]

En ces temps de méfiance, de doute et de mise en garde, il est plus difficile de préserver l’honneur de ses frères et sœurs. Pourtant, c’est justement ce qui doit être fait, d’une part pour espérer la miséricorde divine à notre égard mais également pour maintenir des liens d’union et de fraternité. La bienséance dans le comportement veut que le musulman ait toujours une bonne image de son frère en religion et le tienne en haute estime. Il est contraire à l’éthique islamique d’imaginer, d’extrapoler, de rapporter des dires et des actes dont la véracité n’est pas garantie, et le péché est très grave lorsque l’honneur d’un musulman est sali via cette action !

Or quiconque fréquente, même pour une heure, la toile et notamment les réseaux sociaux verra aisément comme les mots et les accusations fusent. Ce n’est pourtant pas l’enseignement que l’on peut tirer du comportement de ceux qui nous ont précédés dans la foi. On rapporte d’ailleurs de Omar, que Dieu l’agrée, cette parole : « Ne prête pas une mauvaise interprétation à une parole prononcée par ton frère tant que tu peux lui en trouver une bonne. »

 

Il nous a été recommandé de nous aimer en Dieu et de nous souhaiter le meilleur. Mais l’amour ne prend pas place dans un cœur suspicieux. Le soupçon fait partie des vils ressentis qui ternissent l’âme du croyant. Il ne convient pas d’être bête et naïf, mais bien de prêter les meilleures intentions à ses frères et sœurs tout en plaçant sa confiance en Celui Qui connaît le contenu des poitrines. En effet, Dieu, exalté, nous révéla dans Son livre saint : { Ô vous qui avez cru ! Évitez de trop conjecturer [sur autrui] car une partie des conjectures est péché. Et n’espionnez pas; et ne médisez pas les uns des autres. L’un de vous aimerait-il manger la chair de son frère mort ? (Non ! ) vous en aurez horreur. Et craignez Allah. Car Allah est Grand Accueillant au repentir, Très Miséricordieux. } (sourate 49, verset 12)

Le Messager quant à lui, sur lui la prière et la paix, nous dit : « Méfiez-vous du soupçon, car vraiment le soupçon est la plus trompeuse forme de conversation. » (Bukhari et Muslim)

 

Ainsi, il est plus qu’essentiel de revenir à de sains rapports. Que nul ne s’imagine le pire, que nul ne nuise à l’un d’entre nous par de vilaines paroles, que nul ne détériore ses relations en prêtant de mauvaises pensées à autrui. En ces temps de discordes et de difficultés, il est du devoir de chacun d’entre nous d’entretenir et de maintenir de bons rapports avec l’ensemble de sa communauté et de guérir son cœur de toute forme de vilénie. Ce que l’on ignore, parfois par miséricorde de son Seigneur, n’a pas à être inventé. La suspicion est une porte grande ouverte par satan le lapidé menant droit à la rancœur, au mensonge, à la jalousie et à la haine ; que Dieu nous en préserve !

Si l’un d’entre nous a eu un comportement à priori déplacé, il convient de lui trouver une excuse et de mettre en lumière ses qualités. Si un rappel s’impose, il doit se faire en douceur et en secret. Et Dieu est plus Savant !

{ Et dis à Mes serviteurs d’exprimer les meilleures paroles, car le diable sème la discorde parmi eux. Le diable est certes, pour l’homme, un ennemi déclaré. } (sourate 17, verset 53)

 

Affectueusement, votre sœur fiLlah

 

[1] Aucune source sûre ne permet de considérer cette parole comme authentique. Néanmoins, j’ai choisi de la faire figurer en guise de rappel.